“La rentrée scolaire 2013-2014 est placée sous le signe de la renaissance de l’école tchadienne. Cette nouvelle école a pour ambition d’être un cadre de brassage des Tchadiens où seront enseignés l’écriture, la lecture, le calcul et les valeurs morales de paix, de tolérance et le respect d’autrui. Elle sera également là où l’on favorise la culture de l’excellence”, déclare M. Abdelkérim Seid Bauche, ministre tchadien des Enseignements et de la Formation professionnelle secondaires.
Pour la nouvelle année scolaire, le gouvernement a décidé de mettre
en application la loi n°16 promulguée il y a une dizaine d’années et qui
oriente le système éducatif au Tchad. Il est désormais institué trois
(contre quatre auparavant) niveaux dans l’enseignement au Tchad:
fondamental, secondaire et supérieur.
L’enseignement fondamental, étalé sur dix ans (allant du cours
préparatoire en classe de 3ème l’examen du brevet d’enseignement
fondamental), est gratuit et sanctionné par un brevet. Le passage d’une
classe à une autre se fera sur la base des moyennes des notes des
compositions trimestrielles et des devoirs de classe.
En ce qui concerne l’enseignement secondaire (qui englobe les classes
de seconde, de première et de terminale), les diplômes sanctionnant les
études et les formations demeurent le baccalauréat, le brevet de
technicien, le brevet d’études professionnelles et le diplôme de fin de
formation technique et professionnel.
“L’enseignement secondaire a pour finalité de consolider les acquis
de l’enseignement fondamental, de donner à l’élève de nouvelles
connaissances dans les domaines scientifiques, littéraires et
artistiques pour suivre l’éducation sociale, physique et morale de
l’élève et de le préparer à l’enseignement et à la formation
supérieurs”, explique Abdelkérim Seid Bauche.
La restructuration de la carte scolaire du secondaire, elle, a
commencé par la suppression, mi-septembre 2013, de plus de 160 lycées,
principalement dans les sous-préfectures.
“Ce travail a été réalisé sur la base des textes sur la
décentralisation. Les lycées seront désormais dans les chefs-lieux de
régions et de départements. Ceux qui étaient dans les chefs-lieux de
cantons ou de villages ont été supprimés, à l’exception de quelques-uns
qui ont des effectifs pléthoriques (supérieurs à 800 élèves) et que nous
avons maintenus sur la base de critères démographiques”, explique Noh
Adaffana, secrétaire général du ministère des Enseignements et de la
Formation professionnelle secondaires.
Ainsi, il ne reste plus que 102 lycées publics sur l’ensemble des vingt-trois régions du Tchad.
Avec cette restructuration, le gouvernement a dégagé plus d’un
millier d’enseignants qu’il entend redéployer, pour plus de rationalité.“Certains établissements n’avaient pas d’enseignants. Lorsqu’on les fédère, on met ensemble beaucoup d’enseignants de qualité pour tenir les élèves”, ajoute M. Noh Adaffana.
A la Fédération nationale des associations des parents d’élèves, l’on
a salué le coup de balai gouvernemental dans les écoles. Mais pour
beaucoup d’enseignants, la mesure, quoique salutaire, est brutale et
risque de perturber la nouvelle année scolaire.
“Les autorités ont laissé longtemps faire au point de faire pourrir
les choses. Nous attendons de voir les résultats de leurs différents
coups d’éclat”, déclare Jean Ngartam, enseignant certifié d’histoire. Il
s’étonne que c’est maintenant seulement que les autorités se réveillent
pour constater que l’école tchadienne va à vau-l’eau, que les mêmes
autorités qui ont donné l’autorisation d’ouvrir et de fonctionner à ces
lycées, qu’ils soient publics ou privés, s’étonnent que ces
établissements marchent mal.
Ce coup de balai a également emporté 17 établissements privés d’enseignement secondaire général de N’Djaména et des provinces.Dix-huit autres lycées privés ont été sommés de se conformer à la réglementation des établissements privés en vigueur au Tchad, au risque voir leurs portes fermer définitivement l’année prochaine.
A N’Djaména, certains établissements privés ont profité de la
situation pour augmenter leurs frais d’inscription dans les classes de
seconde, première et terminale. Mais pour M. Noh Adaffana, la réaction
des écoles privées est normale, compte tenu des résultats de la dernière
session du baccalauréat qui leur ont été favorables (alors que le taux
de réussite national a été de 8,71%).
“Nous appliquons à ces établissements privés le décret 225 qui exige
la qualité de l’enseignement. Et si nous leur exigeons cette qualité,
cela a un coût. Et ils répercutent sur les frais d’inscription. C’est
une question de choix”, conclut le secrétaire général du ministère des
Enseignements et de la Formation professionnelle secondaires.